Changer de cap

Des lieux à vivre pour se reconstruire

L’explosion de la précarité et de la grande pauvreté, liée à la remise en cause des politiques de solidarité, se traduit par un accroissement sans précédent  des personnes sans-logis, en détresse matérielle ou psychique, livrées à elles-mêmes et  stigmatisées. face à cette situation, qui s’aggrave même si elle n’est pas entièrement nouvelle, de multiples lieux à vivre se  sont créés  pour offrir à des personnes en difficulté  un logement, un accompagnement et une vie sociale et conviviale, les rendant à nouveau acteurs de leur propre vie.

Les voisins du quai à  Lille 

Le projet, accepté par la municipalité de Lille, fut mené par les futurs habitants, avec un architecte et le bailleur social. Il repose sur deux valeurs : la mixité sociale, garantie par une diversité des statuts, et l’écologie. Les immeubles de bois comprennent 12 appartements confortables, reliés par une coursive qui favorise les rencontres ; ils sont habités depuis 2018 par des familles et des personnes seules, de tous âges, et 2 petits logements pour personnes vulnérables. Il y a même une chambre d’ami !

Il y a aussi des espaces communs : les ateliers, une buanderie équipée, la maison commune avec sa cuisine et sa bibliothèque-ludothèque, où se tiennent les réunions, les distributions de l’AMAP, des cours ; elle est ouverte sur le quartier et donne sur la rue : c’est là qu’ont lieu les réunions mensuelles et chaque vendredi pour l’apéro ; le jardin en permaculture est aussi un lieu de rencontre ; il est cultivé par tous. Chacun est impliqué dans les décisions à prendre et une seule opposition annule le projet… Les habitants ont pour cela été formés à la prise de décision. Les achats de matériel se font en commun, les tâches sont partagées ; ainsi, la vie commune tient une grande place.

L’écologie oriente les choix : construction en bois local, alimentation, objets et matériaux récupérés etc… Évidemment, tous n’ont pas le même temps disponible, il y a ceux qui décident vite et ceux qui veulent réfléchir ce qui peut poser problème. Mais ils aiment cette convivialité, cette solidarité et sont prêts à renoncer à ce qui pourrait l’écorner !

 

59000 – Lille – N°494 – 2022

En PACA, des lieux à vivre pour se remettre en selle

A l’initiative de Voisins et Citoyens en Méditerrannée, réseau aujourd’hui disparu, des « lieux à vivre » se sont multipliés en PACA et Languedoc entre 2010 et 2018. Après leur reconnaissance en 2005, ils ont constitués une Union interrégionale des Lieux à vivre (UILV) dont on trouvera ici la présentation très complète.  

Uniquement basées sur l’implication de ses bénévoles et résidents, toutes les activités sont possibles grâce à l’adhésion à l’éthique que propose la charte des lieux à vivre (voir ici le cahier de Voisins et Citoyens en Méditerrannée (VCM) où l’on trouvera une présentation de différents lieux à vivre, une réflexion approfondie et la charte commune)

L'arche d'Alice à Fréjus, espace communautaire et fraternel

Depuis 2013, l’Arche d’Alice (association pour le logement, l’insertion, la citoyenneté et l’entraide) est un accueille des personnes en situation précaire dans un lieu à vivre, sans aucune aide financière. C’est un espace communautaire et fraternel, dont la base est le vivre et le faire ensemble. L’association effectue des maraudes (2 fois par semaine) et distribue des repas. Il est composé d’un hébergement sur place, avec quatre mobile-homes aménagés pour une famille ou pour deux personnes et 4 caravanes, d’une aire de sanitaires avec des douches, une buanderie et une cuisine collective, ouverte également à des personnes précaires non résidentes (ouvriers agricoles, squatters),  un jardin potager biologique, un atelier de réparation d’objets divers et hétéroclites, véritable défi au génie du bricoleur éclairé. 

En  janvier 2018, 28 sans domicile avaient intégré le lieu à vivre pour quelques jours, quelques mois, d’autres pour une année voire plus. Rares sont ceux qui étaient retournés à la rue (5 en tout). Les uns avaient acquis un certificat professionnel et avaient pu intégrer le monde du travail, trouver un logement, d’autres encore avaient été orientés vers des structures sociales partenaires où nous ils résident encore.

N° 228 – 83600 FREJUS  –  2019

Pour en savoir plus

Voir ici :   Voir ici la page facebook de l’Arche d’Alice

Le Mas de Carles, à Villeneuve-lès-Avignon, géré de A à Z par les 45 résidents.

Des chèvres, des poulets, des lapins, des serres, des oliviers…Tous les produits de l’exploitation sont labellisés bio. Ils sont vendus en direct à la ferme, dans plusieurs magasins spécialisés et sur différents marchés de Villeneuve-lès-Avignon et d’Avignon. En apparence c’est une ferme comme les autres. Pourtant, ici, pas d’agriculteurs. Les 45 résidents du mas assurent le fonctionnement de l’exploitation en échange d’un logement gratuit. Certains étaient sans abri, d’autres en errance ou en marge de la société. Tous cohabitent et gèrent la ferme de A à Z. Les uns cherchent simplement à retrouver de la quiétude, d’autres veulent se réinsérer dans la société. La durée des séjours est parfois de vingt ans mais la durée moyenne est autour de deux ans. 

Le bonheur des permanents de l’association est de voir les résidents changer pendant leur séjour, grâce aux  responsabilités qu’ils prennent. « L’accueil est également central, quand  il rend à l’autre sa qualité de sujet. Il n’est pas d’abord une technique, mais une spiritualité ». 

30400 VILLENEUVE-LES-AVIGNON – N°112 – 2023

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Karibu (92), un lieu de vie partagé avec des personnes en grande précarité

Depuis 1975, Olivier accueille des personnes d’origine africaine, en grande précarité et marginalité dans le pavillon qu’il habite à Meudon (92), avec la volonté de vivre simplement et fraternellement avec les exclus. En moyenne 12 personnes sont hébergées, enfants compris. Les familles hébergées sont totalement indépendantes, font courses, cuisine et ménage. Elles travaillent pour la plupart pendant que les enfants sont gardés en crèche ou à l’école.

L’association organise également des activités de loisirs, des sorties baignade à Fontainebleau, des fêtes de quartier. Elle soutient l’insertion des familles, la valorisation de la culture africaine. Elle maintient le lien avec les anciennes familles hébergées et leur parenté. Pour son promoteur,  « chacun à en lui les ressources pour accomplir sa vie et participer à la construction d’un monde plus humain ».

 

N°77 – 92190 Meudon – 2023

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La Demeure des 2 Ruisseaux (69), lieu de vie et d'entraide réciproque

L’association « la Demeure des Deux Ruisseaux » accueille et accompagne à Limas, dans l’agglo de Villefranche-sur-Saône, (69400), 7 résidents âgés de 50 à 75 ans, qui connaissent ou ont connu un handicap psychique.

Les résidents s’organisent librement, avec l’aide de la maîtresse de maison, pour effectuer par eux-mêmes leur ménage et celui des parties communes, faire leurs courses et préparer les repas. On constate à travers 30 ans d’expérience que la mise en œuvre par les résidents d’un véritable projet de vie autonome et responsable est porteuse de responsabilité, d’entraide et de sécurité, tant pour les personnes elles-mêmes que pour les familles.  La plupart des résidents qui étaient considérés comme des malades vivent en autonomie dans une structure non médicalisée, et s’en trouvent plutôt mieux. il existe entre les résidents une grande tolérance et une entraide réciproque, en même temps qu’une connaissance mutuelle et une grande fraternité

9400 Limas – N°54 –  2022

La Maison des Thermopyles  à Paris, un lieu de vie stable et chaleureux ouvert sur le quartier

La Pension de famille les Thermopyles dans le 14ème arrondissement de Paris, a été créée grâce au soutien actif des habitants et des associations du quartier Pernety et de la Mairie de Paris et de la Fondation Abbé Pierre.

Elle propose un logement durable, un cadre de socialisation et un cadre chaleureux et convivial  à des personnes n’ayant pas accès à un logement classique. Y vivent des personnes adultes, seules ou en couple, aux parcours de vie souvent  chaotiques, de tous âges, en situation de précarité. Les résidents participent aux tâches, comme ils le feraient chez eux, avec leur créativité : cuisine, couture, bricolage, rénovation, jardinage, entretien etc.. avec l’appui d’un couple d’hôtes gère la maison au quotidien.

De nombreuses activités collectives sont organisées (soirées conviviales, débats, ateliers de théâtre, cinéma ou peinture, séjours de vacances, visites d’expositions, etc. Elles permettent de tisser du lien entre les résidents et avec les voisins du quartier. Des liens sont aussi développés avec les autres pensions de famille de Paris ou de proche banlieue.

 

75014 –  PARIS – N°284 – 2023

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