N°245 ; 2019
En 2006, un groupe de citoyens de la commune de Saint-Geniès Bellevue, (2152 habitants), à 10 km de Toulouse, décide d’interroger ses élus en matière de développement durable et propose d’animer par ss propres moyens une démarche agenda 21 local. La mairie accepte l’expérience. Au fur et à mesure, ce groupe élabore le diagnostic, définit une stratégie déclinée en plan d’action, parsème la démarche d’actions concrètes, et irrigue l’intercommunalité[1]. La commune se caractérise par le dynamisme de son tissu associatif avec 30 associations pour un village d’environ 2000 habitants. Les associations comme les citoyens ont été moteurs tout au long de la démarche, avec le soutien actif de la municipalité :
Le partage du diagnostic : à partir d’un débat lancé par le conseil municipal des jeunes « Comment c’était Saint Geniès autrefois ? », un débat prospectif a été organisé : « Que sera Saint-Geniès demain ? ». Sur les 2000 habitants, une trentaine de personnes participent à l’événement, qui permet d‘identifier les enjeux forts du territoire en matière de développement durable. Afin d’affiner le diagnostic, ce groupe citoyen décide ensuite d’organiser des réunions thématiques ainsi que des rencontres par type d’acteurs, avec les jeunes, dans les écoles etc. La synthèse du diagnostic a été réalisée en un an et demi.
Des actions concrètes. Le groupe moteur a souhaité éviter une démobilisation des habitants et a engagé rapidement des actions concrètes pour « passer à l’action » : pédibus, AMAP, potagers partagés, achats groupés, articles dans le journal de la commune, cinés débats…
L’animation des réunions thématiques Chaque réunion démarre par un point d’information sur la thématique abordée. L’enjeu est d’abord présenté dans une perspective mondiale pour se rapprocher progressivement du local, l’idée étant de prendre du recul par rapport à la dimension communale, de comprendre les répercussions d’une décision locale à d’autres échelles territoriales.
Une collaboration étroite avec la mairie. Le groupe citoyen fonctionne en collaboration avec la municipalité. Un élu est présent à chaque réunion, l’un des élus étant affecté au suivi de l’agenda 21. Celui-ci apporte un point de vue sur la faisabilité des projets que peut soutenir la mairie. Le partenariat constructif avec la mairie permet un portage politique de certaines thématiques à l’échelle intercommunale. L’agenda 21 porte en effet sur des enjeux qui dépassent souvent l’échelle locale. Dans l’objectif de pérenniser l’échange citoyen/élu au-delà de l’agenda 21, une commission extra municipale a vu le jour.
Cette démarche communale a donné naissance à l’association intercommunale « Coteaux 21 » (intercommunalité des Coteaux Bellevue). Son objectif est de mobiliser les compétences de chaque citoyen volontaire au service d’un développement durable, au travers notamment de l’échange de savoirs. L’association dispose de personnes relais dans chacune des communes. Les achats groupés et les actions s’organisent ainsi au niveau intercommunal.
Concrètement, l’agenda 21 a impacté le fonctionnement de l’administration et des politiques publiques : par ex. approvisionnement de la cantine de l’école, gestion énergétique, éclairage public. La présence des élus aux réunions permet aux habitants une plus grande compréhension de la question technique de l’articulation des compétences entre les différents niveaux territoriaux et une prise de conscience de ce qu’il est possible de réaliser à une échelle communale. Mais également, ils comprennent mieux le fonctionnement de l’administration publique.
Le mouvement citoyen a contribué à renforcer la vie publique locale. L’agenda 21 impulsé par les citoyens est perçu différemment par les autres habitants. Ces derniers s’impliquent plus facilement. Sachant qu’il ne s’agit pas d’une démarche politisée, l’agenda 21 couvre une plus grande partie de la population.
La démarche s’étant appuyée principalement sur un travail bénévole, elle n’a pas nécessité d’importants moyens financiers. La mairie met à disposition une salle lorsque le groupe citoyen a besoin d’un lieu Elle subventionne quelques manifestations précises. L’intercommunalité accorde une subvention de fonctionnement de 1000 euros par an.
Avec des citoyens volontaires et motivés, les compétences de chacun ont rendu possible la construction d’un agenda 21 adapté aux attentes des populations. Au-delà de l’expertise d’usage dont disposent les citoyens, ces derniers développent également des expertises sur le plan professionnel ou personnel. Les décideurs peuvent s’appuyer sur des expertises solides pour émettre une décision.
Pour prendre contact avec l’association Coteaux 21
[1] Cette commune fait partie de l’intercommunalité des Coteaux Bellevue, regroupant 4 autres communes : Montberon, Pechbonnieu, Saint-Loup-Cammas, Castelmaurou.