N°244 ; maj 2017
Ungersheim, petite commune d’Alsace fortement marqué par son passé industriel dans les mines de potasses, est officiellement « en transition » depuis 2005. Le film de Marie Monique Robin « qu’est-ce qu’on attend » a rendu célébrissime l’exemple cette commune de 2000 habitants. Elle est montrée comme exemple de la transition écologique en France.
Les réalisations et les projets, surprenants par leur nombre, leur envergure et leur audace, doivent beaucoup au maire du village, Jean Claude MENSCH. Ils sont le résultat d’une longue évolution qui a commencé avec la reconversion du bassin potassique et s’est poursuivie avec le développement d’une maison des jeunes et de la culture. La dimension écologique, en lien avec la lutte contre la centrale voisine de Fessenheim, s’est traduite par le chauffage solaire de la piscine, la construction d’un important parc photovoltaïque, la reprise de l’eau en régie municipale, un objectif d’autonomie alimentaire « de la graine à l’assiette.
Un objectif s d’autonomie
Des commissions participatives ont élaboré en 2014 un programme de « 21 actions pour le XXIe siècle. La commune vise l’autonomie, dans 3 domaines : Autonomie intellectuelle, alimentaire et énergétique.
– autonomie intellectuelle : La démarche de « Ungersheim, ville en transition » doit être partagée, collective et en construction perpétuelle (permanente). Dans ce cadre, la commune a mis en place des conseils participatifs où les habitants sont conviés à donner leurs avis sur la gestion de la commune et ses projets. Le village s’engage aussi à développer et promouvoir le commerce équitable (obtention du titre national « territoire de commerce équitable » en 2010 et 2012). Elle fait partie du réseau « territoires citoyens du monde » et milite pour la sortie du nucléaire et notamment pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Elle organise un festival éco-équitable « Bio Ungersheim » et élabore une politique de connaissances et de promotion de la biodiversité par la constitution d’un atlas communal et par la réhabilitation des anciens carreaux miniers.
– autonomie énergétique : la commune est à l’initiative de la mise en place de la plus grande centrale solaire d’Alsace (voir photo), dans la perspective la fin du pétrole bon marché. Elle a en outre retiré tous les produits phytosanitaires et engrais chimiques de la gestion de ses espaces verts et a construit une chaufferie au bois alimentant la plupart des bâtiments communaux … Ungersheim s’engage actuellement dans la mise en place d’un système de mutualisation et de promotion du photovoltaïque domestique.

– autonomie alimentaire : la commune a mis en place une exploitation maraîchère bio en chantier d’insertion et a élaborée la restauration 100 % bio dans l’accueil enfance depuis 2009.
Dans cette poursuite de cet objectif d’autonomisation, le maire de la commune est en train de mettre en place une monnaie complémentaire locale. Le but est de relocaliser les échanges afin de redynamiser les circuits locaux courts en incluant une dimension éthique de responsabilisation de la consommation des habitants par la mise en place d’une charte de fonctionnement. Les travaux d’une ferme-école sont sur le point de débuter ainsi que la construction d’un éco-hameau destiné à réinterroger par la pratique les modes d’habitations. Tous ces projets, et bien d’autres encore, seront rassemblés au sein d’une entité juridique sous forme de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) pour en assurer la pérennité et l’indépendance.
Mais la transition ne fait pas rêver tous les habitants…
Cependant, la transition ne fait pas rêver à tous les habitants. Aux dernières élections, le Front National est arrivé en tête. Reporters, qui est allé sur place, cite Joseph, qui s’occupe du club de foot : « tout cela coûte très cher, pour le plaisir d’une personne ». Et il raconte la distance qui s’est progressivement créée entre le maire, porteur du projet, et une partie du village. En revanche, la transition rayonne aux alentours. Les citadins de Mulhouse et même de Colmar prennent les paniers du trèfle rouge et investissent dans l’éco hameau. Leur contribution n’est pas pour rien dans la réussite de la petite commune. L’exemple d’Ungersheim montre qu’il est possible et même nécessaire de construire un projet de société plus responsable tant humainement qu’en matière d’environnement. Sous l’influence des élus, quand ils sont moteurs, l’importance d’une modification de nos comportements peut être partagée par une large part de la population. Mais il reste un long chemin à faire pour transformer en profondeur une culture largement marquée par le « toujours plus ».
Contact : https://www.mairie-ungersheim.fr/village-en-transition/
Voir l’article de Reporterre https://reporterre.net/Ungersheim-un-village-ou-la-transition-ecologique-ne-convainc-pas-tous-les