Changer de cap

MARSEILLE

Le collectif d'habitants CHO3

Entre situations urgentes et démocratie d'interpellation

CHO3, pour Collectif des habitants organisés du troisième arrondissement de Marseille, fonctionne sur le principe d’un syndicat d’habitants.

L’environnement 

A la frontière du centre-ville et des quartiers nord, le 3e arrondissement de Marseille est considéré comme l’un des quartiers les plus pauvres de France. L’Observatoire des inégalités estime que 25 000 des 45 000 habitants sont considérés comme « pauvres ». L

Le fonctionnement 

L’objectif est de « se réunir entre personnes qui subissent des injustices sur ce territoire, de trouver un maximum de personnes qui subissent ces mêmes injustices, puis d’identifier qui est responsable d’une injustice ou d’une autre : parfois une institution, parfois une entreprise ».

CHO3 peut ensuite créer un rapport de force avec le responsable de l’injustice, des discriminations… C’est ce que le collectif appelle « la démocratie d’interpellation ».

La caractéristique de ce syndicat d’habitants est d’être tout terrain. « Dès qu’un habitant va nous parler d’une colère ou d’une injustice, de ce qu’il peut vivre, on va chercher un maximum de voisins qui disent la même chose. ». L’organisation de la lutte est alors systématiquement verticale, le collectif va toujours s’adresser à des gens « qui ont plus de pouvoir que nous ». Concrètement et par exemple, sur la question de la propreté, « on ne va pas s’attaquer à l’incivilité de voisins qui ne font pas de tri sélectif, mais à la métropole dont l’une des prérogatives est la gestion des déchets ».

La diversité constitue un principe important de CHO3, le collectif se voulant représentatif des différentes communautés et classes sociales présentes dans ce 3e arrondissement marseillais. Plus de 1000 personnes sont aujourd’hui engagées.

Le confinement 2020, avec notamment l’arrêt du travail informel et la fermeture des lieux d’urgence sociale, aura finalement permis d’inaugurer des solutions de solidarité comme une plateforme téléphonique, du compagnonnage entre voisins… « Cela a créé des solidarités assez fortes ».

Une problématique 

Le collectif souligne le tiraillement entre l’envie de démocratie d’interpellation (« faire respecter et gagner nos droits »), donc le moyen terme, et la réponse aux urgences des membres, le court terme.

« On ne va pas à la guerre avec le ventre vide »

Le long terme consisterait à essayer de « construire des alternatives ce qui est ce qui est en place et à ce qu’on nous propose en termes de ségrégation, de discrimination et d’oppression des habitants des quartiers populaires. Il y a dans cet arrondissement énormément de personnes qui ont des métiers, des savoir-faire, qu’ils ne peuvent pas utiliser faute d’autorisation de travail. En parallèle, ces personnes en demande de papiers participent activement à la vie sociale et économique du quartier.

Source : intervention de CHO3 au Forum 2021 « Comment agir face à l’explosion de la précarité »