Changer de cap

6.1. Partage et responsabilité dans l’organisation collective

Tous les mouvements sociaux qui ont mené avec succès dans le monde des luttes prolongées dans une situation d’apparente infériorité se sont appuyés sur une vision du monde alternative et un imaginaire commun. C’est cet élan qui s’est affirmé avec force au cours des derniers mois, à travers la fraternité, la solidarité et l’esprit de responsabilité du peuple face au cynisme, à la cupidité et à l’irresponsabilité des dirigeants.

Pour construire ensemble un monde pour tous, responsable, solidaire et fraternel, nous pouvons puiser notre inspiration à trois sources :

– Les revendications convergentes qui, toutes ensemble, tracent les contours d’un changement de système.

– Les centaines de milliers d’actions locales sont porteuses d’alternatives concrètes et de valeurs qui constituent déjà une base pour le monde à construire. Le combat est aussi d’ordre moral et culturel

Quelles sont les valeurs que nous vivons, en quoi s’opposent-elles à celles que tente de nous imposer le système dominant, avec un succès relatif si on en juge par la résurgence de la solidarité depuis 3 mois ?

Source : Les chemins de  la transition, Séminaire de 25 organisations en 2016 A lire ici

 Ce que portent nos actions citoyennes

Les « valeurs » du système

Lucidité, responsabilité vis-à-vis des enjeux pour les populations actuelles de l’ensemble des habitants de la planète et les générations futures

Irresponsabilité (après moi le déluge). Absence de lutte contre le dérèglement climatique et écologique parce qu’il y a trop à perdre

Partage des richesses du local au mondial, économie sociale et solidaire (en redonnant de la force à ces mots)

Cupidité, avarice, énormes inégalités, accumulation sans fin du capital par quelques centaines d’individus au niveau mondial

Usage des biens communs, gérés collectivement dans une logique de responsabilité écologique et de satisfaction des besoins fondamentaux

Droit de propriété, défini comme le droit d’abuser et d’exploiter sans limite,quelles qu’en soient les conséquences pour les autres

Connaissances partagées comme des Communs, orientation des recherches vers les besoins de la société évaluation de leurs conséquences avant leur mise en œuvre.

« Progrès » aveugles de la science et de la technologie mises au service d’intérêts particuliers

Privatisation et utilisation sans frein de la technoscience, pour la mettre au service de la puissance d’agir et du profit

Démocratie faisant appel à la délibération et à la justice à la loi pour faire prévaloir la justice

Ploutocratie et philanthropie, faisant appel à la bonne volonté et à la charité des entreprises les plus riches sans jamais les contraindre

Débats et choix collectifs reposant le respect de la volonté générale, l’intelligence collective, la participation citoyenne

Décision du chef, technocratie (gouvernement des technocrates), vision du monde réduite à des normes (managérialisme)

Partage du travail, nouvelles formes d’emplois et d’économie solidaire et circulaire, développement des activités libres

Travail déshumanisé, chômage entretenu comme une pression sur les salaires, rejet des inaptes et des moins dociles (facilité par la révolution de l’information)

Maîtrise des évolutions technologiques, considérées comme des biens communs et évaluer leurs conséquences possibles avant leur mise en œuvre

Instrumentalisation et utilisation sans frein des innovations technologiques pour les mettre au service de la puissance d’agir et du profit

Démocratie et coopération. Démocratie directe, participation citoyenne, conduite partagée des projets, coopération

Technocratie (gouvernement par la technique), vision du monde réduite à des normes (managérialisme)