
Lettre confinée N°13, 30 avril 2020
1er mai : « plus jamais ça ! »
Le Collectif Changer de cap se joint aux 25 organisations qui appellent à manifester demain 1er mai. Voici le communiqué, dont il partage les termes, qui constitue un tremplin pour résister aux dérèglements d’un capitalisme néolibéral et productiviste :

Nos organisations appellent à participer aux mobilisations syndicales pour donner au 1er mai 2020, journée internationale de lutte des travailleuses et travailleurs, un écho tout particulier dans le contexte de crise sanitaire. La pandémie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérèglements du capitalisme néolibéral et productiviste ainsi que les dysfonctionnements de l’actuelle gouvernance mondiale. La situation nécessite d’affronter ensemble les urgences écologiques, sociales et démocratiques.
Les impératifs de santé publique seront à l’honneur de ce 1er mai. Nos organisations appellent à manifester la solidarité avec les travailleurs.ses, en France et dans tous les pays, dont les activités continuent, souvent sans même le matériel de protection nécessaire. La solidarité aussi avec les « invisibles » que la crise a pourtant révélé.e.s comme indispensables, ainsi qu’avec les précaires et les « sans », dont la situation s’est dramatiquement aggravée pendant la crise.
Pour tout cela, nous exigeons :
- que la santé de toutes et tous soit une priorité, maintenant et après le 11 mai, date annoncée de sortie du confinement alors même que les conditions sanitaires ne sont pas réunies.
- que toutes les mesures d’urgence soient prises pour lutter contre les inégalités sociales et pour préserver les droits de chacun.e durant cette période, dont celui d’un travail, d’une alimentation, d’un logement de qualité.
- que la protection sociale des jeunes soit refondée afin de les faire rentrer dans le droit commun. Les jeunes ne peuvent être ni la variable d’ajustement, ni les oublié.e.s de l’après.
- que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités pour le plan de relance de l’économie, à la mesure de l’urgence climatique.
- une solidarité avec les populations des pays pauvres, premières victimes des dérèglements climatiques, touchés par la crise sanitaire alors que leurs systèmes de santé et leurs services publics sont encore moins préparés que le nôtre à faire face à cette pandémie, sous la menace de crises alimentaires émergentes, passant en premier lieu par l’annulation de leur dette extérieure et le versement de financements additionnels d’urgence.
- que les multinationales s’assurent du respect des droits humains et de conditions de travail décentes pour les travailleuses et travailleurs employé.e.s par leurs filiales, fournisseurs et sous-traitants à travers le monde plutôt que de les laisser sans revenus, aides ou protections sociales, les rendant plus vulnérables aux risques d’exploitation plutôt que de verser des dividendes à leurs actionnaires.
Le monde d’après doit enfin appliquer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce sont souvent des femmes, dans l’ensemble du secteur de la santé et du social, dans les services publics, dans les commerces, dans l’agroalimentaire, qui ont sauvé des vies, ont permis de nous alimenter, ont assuré des missions de protection de la population et ont permis à notre pays de tenir alors qu’elles sont toujours bien moins payées que les hommes : il est temps de reconnaître leur investissement.
Le monde d’après ne doit pas non plus se solder par de nouvelles régressions des droits démocratiques. De ce point de vue, en France comme ailleurs conscient.e.s de la nécessité de respecter toutes les mesures de confinement nécessaires, nous ne sommes pas moins indigné.e.s des violences policières, des contrôles abusifs, des atteintes à la protection des données personnelles et de la vie privée, de la violation des droits des migrant.e.s …
Lors de ce 1er mai, nous manifesterons aussi pour exiger un plan de relocalisation solidaire et écologique des activités de l’industrie, de l’agriculture et des services :
- «plus jamais» des travailleur-ses mis.e.s en concurrence et appauvri.e.s !
- «plus jamais» la dépendance aux marchés internationaux comme le manque de masques, de surblouses
et de médicaments,
- «plus jamais» les produits qui font le tour de la planète engendrant pollutions et émissions de gaz à effet de serre !
- Et «plus jamais» la captation des ressources naturelles du Sud au seul profit des transnationales des pays riches.
Pour que le jour d’après ne soit plus comme le jour d’avant, tout soutien public aux entreprises doit d’ores et déjà être conditionné à une reconversion écologique et sociale, qui nous permettra de créer des centaines de milliers d’emplois de qualité en France. Le gouvernement ne doit pas remettre en cause, sous l’influence des industries polluantes, les engagements et les objectifs environnementaux, déjà très en dessous du niveau exigé par l’urgence climatique. Il doit aussi suspendre les ventes d’armes qui alimentent les conflits et le terrorisme, et réfléchir à abandonner la dissuasion nucléaire coûteuse et plus dangereuse qu’efficace. Nous exigeons que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités pour le plan de relance de l’économie, et qu’elles soient à la mesure de l’urgence climatique.
Lors de ce 1er mai, nous manifesterons encore pour obtenir un plan de développement de tous les services publics et une revalorisation des métiers d’utilité publique :
- «plus jamais» les hôpitaux débordés du fait des fermetures de lits et du manque de soignant.e.s,
- «plus jamais» d’une recherche publique manquant de crédits,
- «plus jamais» des services publics exsangues,
- «plus jamais» des Ehpad délaissés,
- «plus jamais» des personnes sans revenu et en précarité alimentaire.
- «plus jamais» de fausses excuses quant au manque de budget public pour les financer, alors qu’une fiscalité plus juste (y compris sur la fortune / le patrimoine), une véritable lutte contre l’évasion fiscale et la transformation de la dette publique en dette perpétuelle à taux zéro par la BCE en donneraient les moyens.
Même confiné.e.s, manifestons toutes et tous le 1er mai, depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux. Rendons visibles, exprimons ce que nous voulons en France comme ailleurs : un changement de cap, pour un futur écologique, social, féministe et démocratique !
Comment participer ?
Vous pouvez participer de multiples manières à la mobilisation lancée par les syndicats et les organisations signataires :
Manifester au balcon
Les syndicats qui sont historiquement les organisateurs des manifestations du 1er mai renoncent au cortège mais pas au premier Mai. Plusieurs centrales nationales et organisations de jeunesse demandent à chacun d’arborer des pancartes depuis son balcon ou à inonder les réseaux sociaux de slogans revendicatifs. Dans le Gers, la CGT propose d’éclairer l’avenir en décorant son balcon avec des lanternes à 22 heures. A voir ici
Inonder les réseaux sociaux
Les organisations appellent également à inonder les réseaux sociaux, sous des formes diverses. Là aussi, l’imagination est au pouvoir. La CGT de l’Aube réalise un album revendicatif ou chacun est invité à inscrire sur une feuille A4 la revendication qui est pour lui la plus importante, la prendre en photo, avec si possible une illustration. La CGT de l’Ain propose de rassembler des vidéos d’une minute maximum ou chacun peut exprimer sa créativité sur le thème « construire ensemble une société juste et durable. La FSU appelle les salariés à être présents sur les réseaux sociaux avec des pancartes faites main. « Nous n’oublions pas les mois précédents et les luttes nombreuses qui les ont animés, gilets jaunes, luttes climatiques, mobilisations pour l’égalité, pour les services publics et notamment les hôpitaux, pour les retraites ou l’assurance chômage. Elles résonnent avec force dans la période que nous traversons et restent notre boussole pour les semaines qui viennent »
Les Rosies font des photos-messages
Confinées, les Rosies, qui dansaient « A cause de Macron » dans les manifestations(voir ici), se prennent en photo, chacune avec sa parole libre. Ces photos signent leur appartenance à ce combat collectif, leur « engagement au-delà du virus à demander des comptes et obtenir ou imposer une autre politique qui se résume en un monde, une France plus juste, celle qui nous était refusée. Faudra compter avec elles et beaucoup d’autres. Rosies de tous les pays et de toute la France, unissez-vous ! » Voir ici l’article de Médiapart
Organiser une projection en façade pour le voisinage
Depuis un mois, des projections sont organisées un peu partout en France, dans les villes, pour faire savoir que la colère ne s’est pas estompée, dénoncer l’incohérence de la lutte contre la pandémie et le double langage du gouvernement. Le site Projections covid -19 vous donnera des idées. Voir ici la vidéo d’un magnifique exemple.
S’exprimer avec un mégaphone
Muni d’un haut parleur, depuis sa fenêtre, un gilet jaune de Nantes vient de proposer une manière nouvelle de montrer notre colère dans la rue, notre opposition aux managers responsables au premier chef de la catastrophe, afon de ne pas ronge son frein en attendant le déconfinement. Au Bono, à Marseille, à Bordeaux, d’autres crieurs aux fenêtres sont apparus et certains se préparent pour le 1er mai Voir ici la page facebook
Des chansons confinée, sur les balcons ou les réseaux sociaux
Beaucoup de chansons sont nées ou sont reprises pendant le confinement. Beaucoup expriment la tendresse, l’amitié, la fraternité, la révolte, comme une source qui émerge et se remet à couler
L’amitié. Le chœur des jeunes de Laval chante l’amitié malgré le confinement A voir ici
La tendresse Cette symphonie confinée, dédiée à toutes les personnes touchées de près oou de loin par l’épidémie du coronavirus, a déjà été vue 3 400 000 fois Voir ici
La chorale virtuelle Voix Voix chante Octobre, de Cabrel. Les choristes de « Voix si Voix » de Wasquehal (59) reprennent de chez eux « Octobre » de Francis Cabrel, un chant appris lors de son week-end des 7 et 8 mars, tenu in extremis. Chant dirigé par Laure Capri, Blandine Deforges et Antoine Houbron Voir ici.
On est là ! Nouvelle version Jolie Môme Chronique du confinement et de la loi d’exception par la Compagnie Jolie Mome Voir ici
Fin du mois, début du nous HK/Jean-Claude Allard Il y a maintenant un an, Jean-Claude Allard réalisait le film « Fin du moi, Début du nous », avec HK. Cette très belle chanson, des deux mêmes, s’appelle également « Fin du moi, Début du nous » Voir ici
On est là, spécial 1er mai Des femmes sur-motivées de tous bords, et quelques hommes, ont crée une chanson spéciale 1er mai sur l’air de « On est là » Lire et écouter ici :
Le chant des confiné-e-s Adapation de « la semaine sangalante de Jean-Baptiste Clément » Voir ici
Ressusciter les crieurs publics
A Lyon, deux comédiens lyonnais du 7e arrondissement se sont transformés en crieurs publics. Chaque soir à 19h ils donnent de la voix pour délivrer les messages de leurs voisins dans la cour de l’immeuble. Un instant de vie intense pendant le confinement Voir ici
A Montreuil, concert de casseroles et manifestation masquée à l’initiative des gilets jaunes
Pour cette journée internationale de lutte, l’assemblée des Gilets jaunes de Montreuil appellent tous les habitants de la ville à descendre chav cun devant chez soi à 13h et à faire du bruit, puis à manifester en respectant les distances de sécurité et en étant masqué·e·s. Ils dénoncent la gestion catastrophique de la crise sanitaire et sociale par le gouvernement Macron et plus globalement sa politique au service des patrons, (l’Éducation nationale ne doit pas être la garderie du Medef), pour défendre les droits des travailleuses et des travailleurs, avec ou sans papiers, avec ou sans emploi.
Bastia : Défilé de voitures
A Bastia, la CGT organise un défilé de voitures coloré et sonore, avec une personne par véhicule. Le Préfet n’a pas pu refuser. Voir ici
Ces luttes en cours qui préparent l’avenir
Sur le terrain, des luttes symptomatiques préparent déjà ce qu’il faut changer demain, en demandant la nationalisation ou la socialisation d’entreprises stratégiques dans la lutte contre le virus.
Sauver Luxfer, dernier producteur français de bouteilles d’oxygène à usage médical
Comme les salariés de Luxfer, dernier producteur français de bouteilles d’oxygène à usage médical, victime d’une stratégie financière ». L’usine de Gerzat est occupée depuis le lundi 20 janvier. Les anciens salariés ont décidé d’agir dans l’urgence, de crainte de voir disparaître leur outil de travail et demandent sa nationalisation Voir ici :
Un projet d e SCIC pour reprendre Plaintel fabricant de masques de protection sanitaire
L’usine de fabrication de masques de protection sanitaire de Plaintel, près de Saint-Brieuc, était naguère le premier fabricant européen Considérée comme stratégique il y a 15 ans, elle a néanmoins été abandonnée sous le quinquennat Hollande, puis définitivement fermée en 2018 et ses machines vendues au prix d’affaires. Le projet de création d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif, en cours de montage, qui pourrait s’appuyer sur une commande de l’État. Voir ici
Solidarité avec les plus touchés
En ce 1er mai 2020, nous voulons aussi exprimer notre solidarité avec celles et ceux qui connaissent une situation de plus en plus dramatique : chômeurs, précaires, personnes isolées et dépendantes, mais encore plus SDF, réfugiés, prisonniers, et tous ceux qui se trouvent dans des lieux de privation de liberté, oubliés par le beau dispositif gouvernemental ou considérés comme inutiles, nuisibles, indésirables. De multiples solidarités s’organisent spontanément face aux situations impossibles et à la misère qui monte. Nous avons déjà cité beaucoup d’initiatives d’entraide et de fraternité au quotidien (voir ici Lettres N°11 et 12). En voici quelques autres :
Calais : les associations seules avec 1200 migrants abandonnés par les pouvoirs publics
Les associations qui viennent en aide aux migrants à Calais poussent un cri d’alerte. En pleine épidémie de Covid-19, elles doivent se débrouiller seules pour porter assistance aux quelque 1 000 à 1 200 réfugiés qui vivent dans des tentes dans des petits campements en espérant passer en Angleterre. Près de 300 d’entre eux ont été mis à l’abri dans un centre d’accueil depuis le début du mois, mais dehors ils sont toujours nombreux et la nourriture se fait de plus en plus rare. A lire ici
Paris : les ultras du PSG multiplient les actions de solidarité

En Ile de France, les Ultras du PSG muliplient les actions de solidarité : pas moins de 11 livraisons à partir de collectes alimentaires, lpour le seul 28 avril, à des équipes hospitalières ou des EHPAD. Les Ultras s’organisent aussi pour faire les courses des plus fragiles dans leur quartier, fabriquent et livrent des surblouses aux soignants, aux pompiers, aux SDF « Merci et félicitations à vous les Ultras pour tous vos gestes généreux et importants en ces moments compliqués et douloureux qui nous apportent réconfort et soutien au coeur de la tempête » Voir ici la page facebook
A Marseille, l’ancien McDo devient une base d’approvisionnement solidaire
A Marseille, l’ancien McDo de Saint-Barthélemy, a été réquisitionné par des citoyens. Face à la montée des besoins, il est devenu une base d’approvisionnement alimentaire pour les quartiers populaires, mobilisant toute une chaîne de solidarité. Les pompiers ont donné un sacré coup de main, nettoyant les locaux avec leurs gros moyens. Dès 9 h et tout au long de la journée, les bénévoles préparent des colis avec lait, huile, pâtes, sardines, biscuits, yaourts… donnés par des particuliers et des associations. 2500 colis vont chaque semaine aux familles nécessiteuses. Voir ici
Secours aux étudiants qui souffrent de la faim dans des cités universitaires paralysées
De même la société civile se mobilise face à de nombreux étudiants dans des résidences universitaires souffrent de la faim, isolés de leur famille, confrontés aux lourdeurs administratives qui les empêchent de prétendre même aux aides auxquelles ils ont droit. A Bordeaux par exemple, le collectif « Solidarité continuité alimentaire » a livré près de 800 colis alimentaires, sur environ 950 demandes enregistrées. Voir ici
Montpellier : une plateforme alimentaire logistique commune pour les sans-abris, demandeurs d’asile, habitants de bidonvilles
A Montpellier, les efforts coordonnés de plusieurs associations et collectifs (Médecins du Monde, la LDH, la Cimade, le Secours Catholique, le Secours Populaire, La petite cordée, AREA, 2 choses Lune, et Luttopia) ont monté une plateforme alimentaire logistique commune pour les sans-abris, demandeurs d’asile, habitants de bidonvilles ou simplement précaires. Voir ici
Pétition : des titres de séjour pérennes pour toutes les personnes en situation administrative précaire !
C’est ce que demande le Collectif Intersquats Exilé.e.s Lyon et Environs au président de la République dans sa lettre ouverte du 25 avril, co-signée par 90 organisations et 200 personnalités. Aujourd’hui, environ 500 000 personnes sans-papiers vivent sur le sol français dans des conditions précaires inadmissibles qui rendent impossible le respect des mesures préconisées par l’OMS pour lutter contre la diffusion du coronavirus. Les situations dans les centres de rétention, les camps de réfugiés en sont aujourd’hui des exemples particulièrement dramatiques. Nous demandons la régularisation, via une carte de résident, de l’ensemble des personnes migrantes actuellement présentes sur le sol français ainsi que dans tous les pays de l’Union européenne. Cliquer ici pour signer la pétition.
Il faut libérer massivement les prisonniers, parmi les plus exposés
Les prisonniers, à 3 pour 2 lits dans 9 m2 sont parmi les plus exposés, comme le montre un reportage de La bas si j’y suis. Un véritable cluster qui menace prisonniers et gardiens et ne s’arrêtera pas aux murs de la prison. L’association nationale des visiteurs de prison – (voir ici) – a rejoint Covid-entraide et bénéficie de nouveaux renforts. Les avocats de la Conférence des Avocats du Barreau de Paris dénoncent « une prison machine à tuer » et demandent « la libération massive des détenus » Voir ici.
Pour un moratoire sur les loyers
Droit au Logement lance une pétition pour un moratoire sur les loyers que des familles ne peuvent pas payer compte-tenu de la chute de leurs revenus, des organisations locales de la CNL ont la même exigence localement particulièrement dans le Nord Voir ici
Cette lettre ne dit pas tout : vous en trouverez beaucoup plus sur le site changerdecap.net
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il ne vit que par vous